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Cet article vise à clarifier les mécanismes cérébraux et les phénomènes qui peuvent se produire quand on bénéficie d’une séance d’hypnose et à se préparer ainsi au mieux à cette expérience, dans le but d’en augmenter les bienfaits.
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L’hypnose est un état d’esprit qui permet de modifier la perception que l’on se fait de sa santé, de son corps, de son mental, de son rôle social, de sa vie, de son passé et de son avenir. Elle est fréquemment utilisée en pratique clinique pour modifier des perceptions, comme la douleur, ou des souvenirs, par exemple traumatiques. Si son efficacité est bien démontrée, les mécanismes cérébraux associés à l’hypnose restent encore mal compris. Nous savons cependant que pour accéder à ce nouveau mode de fonctionnement, dans lequel les liens avec l’environnement et les croyances peuvent se défaire et se réorganiser, il est essentiel de faire appel aux techniques hypnotiques, qui permettent de se couper de la pensée, de la logique, du contrôle et de la maîtrise.
Le public commence à connaitre de mieux en mieux les bienfaits de cette approche, mais ignore encore souvent beaucoup de ses aspects. Cet article vise donc à clarifier les mécanismes cérébraux et les phénomènes qui peuvent se produire quand on bénéficie d’une séance d’hypnose et à se préparer ainsi au mieux à cette expérience, dans le but d’en augmenter les bienfaits. Il convient de rappeler que l’hypnose n’est pas un état de sommeil profond ou de perte de contrôle, mais plutôt un état de concentration et de relaxation profonde, dans lequel la personne est capable de maintenir une certaine vigilance et de répondre aux suggestions de l’hypnotiseur.
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L’hypnose – de quoi parle-t-on ?
En 1955, British Medical Association a défini l’hypnose comme : « Un état passager d’attention modifiée chez le sujet, état qui peut être produit par une autre personne et dans lequel différents phénomènes peuvent apparaître spontanément, ou en réponse à différents stimuli verbaux ou autres. Ces phénomènes comprennent un changement dans la conscience et la mémoire, une susceptibilité accrue à la suggestion et l’apparition chez le sujet de réponses et d’idées qui ne lui sont pas familières dans son état d’esprit habituel. En outre, des phénomènes comme l’anesthésie, la paralysie, la rigidité musculaire et des modifications vasomotrices, peuvent être, dans l’état hypnotique, produits et supprimés. »
L’hypnose elmanienne, quant à elle, s’inspire de la définition de Dave Elman, le fondateur de ce courant, qui a défini l’hypnose comme : « état d’esprit caractérisé par le franchissement du facteur critique et la mise en place de pensées sélectives ». Pour faire simple, nous pouvons comparer le facteur critique au « oui, mais.. », cette partie qui juge et qui analyse. Quant à la pensée sélective, il s’agit d’une suggestion de changement ou de modification de notre comportement, de nos perceptions, sensations ou cognitions. Pour qu’une suggestion soit acceptée, le facteur critique devrait être contourné. Elle sera accompagnée fréquemment d’une visualisation, dont l’objectif est d’obtenir un changement souhaité. La séance d’hypnose consiste donc à accompagner l’hypnotisé dans le mode dans lequel il lâche le contrôle, pour favoriser l’émergence de nouveaux liens au monde. Le professionnel de l’hypnose n’a aucune autre fonction que de guider le patient à prendre appui sur les ressources déjà présentes, mais qui étaient ignorées, ressources qui sont autant de possibles pour se remettre en mouvement vers le mieux-être.
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Que se passe-t-il dans le cerveau lors d’une séance d’hypnose ?
Plusieurs études en neurosciences montrent des effets directs des suggestions hypnotiques sur l’activité du cerveau, en particulier au moyen de techniques de neuroimagerie fonctionnelle. Ces études suggèrent que l’hypnose provoque une reconfiguration de la communication entre différentes régions du cerveau, ce qui voudrait dire que les différentes zones de notre cerveau se mettent à communiquer de manière différente que dans l’état de veille, mais surtout qu’elles modifient la manière dont les informations qui nous proviennent de nos sens sont analysées. De même, il y a un impact sur les actions motrices déclenchées ensuite.
Contrairement donc à l’idée populaire, que l’état d’hypnose représente un état de conscience modifié dans lequel l’individu n’a plus de volonté propre et se comporte comme un automate, les résultats en neuroimagerie suggèrent plutôt que cet état reflète une activation renforcée des régions participant au contrôle de l’attention et de l’inhibition. De plus, pendant l’hypnose, on observe la combinaison d’activité d’un cerveau en état de relaxation et d’un cerveau concentré, ce qui tendrait à favoriser l’émergence des expériences alternatives et de nouvelles manières d’appréhender ses ressources intérieures, sa créativité et sa capacité de guérison. Ces changements sont compatibles avec un élargissement du potentiel expérientiel et c’est probablement par ce biais que l’hypnose permet la réinterprétation des expériences perceptives – donner un nouveau sens à ce qui était vécu et modifier ensuite les comportements qui résultent de nos cognitions enracinées dans le passé. Toutes ces modifications dans l’activité cérébrale observée pendant l’hypnose s’accompagnent d’un sentiment de relaxation et d’absorption mentale.
De plus, une étude a pu observer une diminution de l’activité dans les régions associées à la prise de décision et à la conscience de soi, ainsi qu’une augmentation de l’activité dans les zones impliquées dans le traitement des sensations et des émotions. Dans ce sens, l’hypnose semble moduler l’activité de certaines zones du cerveau impliquées dans l’attention, la mémoire, l’imagerie mentale et la régulation émotionnelle. Cette modulation faciliterait l’accès à l’inconscient et permettrait ainsi au patient d’explorer des ressources internes et de dépasser certaines limites ou blocages. L’hypnose peut également augmenter la connectivité entre différentes régions cérébrales, ce qui pourrait expliquer certains des effets de l’hypnose sur la perception et les émotions. Une autre étude a montré que la suggestion hypnotique a entraîné une réduction significative de l’activité cérébrale dans la zone du cerveau qui traite la douleur. Il est important de noter cependant que chaque individu peut réagir différemment à l’hypnose.
Pour résumer, nous pouvons constater que les neurosciences ont fait des progrès significatifs ces dernières années dans la compréhension de l’hypnose et de ses effets sur le cerveau. Ces découvertes montrent que l’hypnose est une technique puissante qui peut avoir des effets significatifs sur le cerveau et le comportement. Cependant, il convient de noter que les mécanismes exacts de l’hypnose ne sont pas encore entièrement compris et que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre cette technique.
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Bibliographie
Livres :
Tosti, G. (2015). Le grand livre de l’hypnose. Broché
Lemaire, B. (2022). Les indispensables de l’Hypnose Elmanienne – les meilleures pratiques de Dave Elman. Amazon Fulfillment
Articles :
Demertzi, A., Soddu, A., Faymonville, M. E., Bahri, M. A., Gosseries, O., Vanhaudenhuyse, A., & Laureys, S. (2011). Hypnotic modulation of resting state fMRI default mode and extrinsic network connectivity. Progress in Brain research, 193, 309-322.
Graffin, N. F., Ray, W. J., & Lundy, R. (1995). EEG concomitants of hypnosis and hypnotic susceptibility. Journal of Abnormal Psychology, 104(1), 123–131
Oakley, D. A., & Halligan, P. W. (2013). Hypnotic suggestion: opportunities for cognitive neuroscience. Nature Reviews Neuroscience, 14(8), 565-576.
Raz, A., Fan, J., & Posner, M. I. (2005). Hypnotic suggestion and the modulation of Stroop interference. Archives of General Psychiatry, 62(12), 1366-1374.
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